Pause estivale : le temps suspendu
Depuis la dernière diminution de mes petites pilules bleues, j’ai eu du mal à me remettre d’aplomb. Une pause estivale s’est imposée sur les conseils de ma bien-aimée. Pour couronner le tout, ma petite tribu et moi avons mis un pied dans l’engrenage de la loi des séries. Celle où, lorsque tu marches dans une merde du pied droit, tu peux être sûr que les pas qui suivent vont continuer à en agglutiner. Ajoutez un zeste de prises de têtes avec une administration qui commence par « C » et qui finit par « F », une pincée de nuisances sonores liées à l’arrivée progressive des touristes, une louche d’annulation de nos vacances et une cuillère à soupe de présence perpétuelle de mes loulous (que j’adore, hein, là n’est pas le souci, mais j’ai encore moins de temps pour moi) pendant près de deux mois et vous obtiendrez la recette parfaite d’un délicieux gâteau parfum déjection. Ouin, ouin, ouin, je me plains : évidemment, il y a toujours pire.
Quand la pause estivale devient une nécessité
Mais ça, plus ça, auquel se rajoute ça et encore ça, impacte mon humeur générale. Ce ras-le-bol déborde sur ma vie de famille et je me déteste de leur infliger cet abattement. Mon front est plissé et laisse apparaître la ride de la mauvaise phase, je démarre au quart de tour avec les enfants et j’ai envie de flinguer la terre entière.
Le point de rupture
Pour tenter d’alléger cette (op)pression, j’étais prêt, pas plus tard qu’hier à tout laisser tomber. Arrêter le démarchage commercial auprès des lieux d’exposition où rien ne se vend, ne plus me creuser les méninges pour poster des articles sur mon blog lus seulement par quelques rares personnes, clôturer définitivement ce site internet… Terminer les velléités de vivre de mon art et ne plus me prendre le choux avec l’URSSAF et un statut d’artiste-auteur qui n’en a que le nom. Ne peindre que pour le plaisir, sans pression aucune.
L’éclaircie et la pause estivale salvatrice
Dans un sursaut de lucidité, j’en ai parlé à mon Amoureuse. Lui faisant part de mes doutes, je lui ai avoué être tellement dans le brouillard que je rêverais d’une personne suffisamment clairvoyante pour me dire quoi faire et quelle direction prendre. Très certainement excédée par ma noirceur de ces dernières semaines, elle a sauté sur l’occasion et voici ses préconisations : faire une pause pendant tout l’été, du démarchage, du site. Peindre sans pression sur le temps que j’aurais et surtout profiter des loulous sans tension interne.
Simple comme bonjour, mais cet angle n’avait même pas effleuré mon esprit.
La douceur des chemins de traverse
C’est le problème des œillères, elles nous rendent aveugles aux chemins de traverses. J’étais incapable ne serait-ce que d’imaginer ces options. Elles sont pourtant empreintes de sagesse et d’une logique implacable. Elles me permettent surtout de limiter mon impulsivité légendaire et d’éviter de tout reprendre à zéro une fois la lucidité retrouvée. Et ce n’est pas déconnant : après 19 articles rédigés sur une année scolaire, des photos en veux-tu en voilà, 3 tableaux, une quarantaine de lieux démarchés pour des expositions, une tentative rapidement avortée d’inscription sur un célèbre réseau social, avec en parallèle toute la gestion du quotidien familial et la vigilance sur ma santé mentale, avec le recul, oui, une pause s’impose.
Rendez-vous en septembre, prenez soin de vous.
Caresses et bises à l’œil.