Chat tricolore assis au premier plan sur un sol en bois, avec un chien noir et blanc allongé dans un panier en arrière-plan, près d’une porte-fenêtre et d’un rideau beige, à l’intérieur.
Tikka et Tatoo – Photo numérique – Fabien Trarieux – Janvier 2023

La vie avec un chien

La vie avec un chien, c’est parfois une succession de choix imposés par les circonstances, une traversée de souvenirs, d’attachements et de séparations. De Poussy à Tikka, chaque compagnon à quatre pattes a laissé dans mon existence une empreinte singulière, à la fois tendre et indélébile.

Préférences animales : question de tripes ou de souvenirs ?

Qu’est-ce qui définit si notre sympathie est plus orientée vers les chiens ou les chats ? Est-ce comme pour nos préférences culinaires, souvent ancrées dans l’enfance ? Ou bien notre personnalité, modelée au fil des années, influence-t-elle nos attachements ? Que celles et ceux qui se moquent, s’indignent, s’étonnent ou les trois à la fois du fait que nous puissions nous amouracher d’animaux domestiques me pardonnent d’avance. Ce texte risque de les ennuyer profondément.

Je n’apporterai pas de réponses à ces questions quasi philosophiques. Cependant, je constate que je préfère les pâtes complètes aux pâtes blanches. Mes parents m’en cuisinaient quand j’étais enfant, contrairement à ceux de ma compagne, qui font partie de la team pâtes blanches. Résultat des courses, nous restons campés sur nos goûts culinaires enfantins. J’ai une nette attirance pour la vie avec un chien, sans doute parce que c’est l’animal domestique auquel j’ai été confronté, tout petit.

Poussy, ou comment tout a commencé

Poussy fut la première chienne qui restera à jamais dans ma tête. Avec mes parents, nous étions allés la chercher à la SPA. Elle nous avait choisis, j’en suis certain. Tous les chiens hurlaient et aboyaient à gorge déployée comme pour nous supplier de les adopter. Ma Moun’ avait tenté d’orienter mon choix vers une espèce de petit chien blanc à poil long qui ne faisait que japper au point de percer les tympans. Cette setter anglaise, déposée l’avant-veille, n’avait aboyé que deux fois et j’ai su que c’était elle et nulle autre. Tant pis si sa corpulence dépassait les exigences de mes parents, je n’en ai pas démordu. Elle était d’une douceur et d’une gentillesse incroyables. Jamais agressive envers quiconque, jamais un aboiement ou si peu… sauf après les chats, qui lui faisaient péter une pile. D’ailleurs son prénom vient de la bande-dessinée du chat Poussy de Peyo. Comme tout enfant qui se respecte, j’ai dû insister lourdement auprès de mes parents pour avoir un chien et laisser le soin à mon ‘Pap, une fois la nouveauté passée, de la sortir et de s’en occuper quotidiennement.

Je garde surtout en mémoire sa fin de vie. En plus de sa vieillesse, une dermatite aiguë causée par une allergie aux piqûres de puces a eu sa peau, au sens propre comme au figuré. Elle s’affaiblissait de jour en jour. Les larmes me montent encore aux yeux lorsque je me souviens de la façon dont elle est morte. Nous étions partis à la plage de Carnac, mon père, ma sœur et moi. Je devais avoir au moins dix ans. Ma mère était restée au bar pour gérer la clientèle et surveiller Poussy. Elle était dans un petit cabanon de la cour qui jouxtait le commerce familial et n’en bougeait plus tellement elle était épuisée. Ma Moun’ l’a vu arriver dans le bar cahin-caha, dans un dernier effort. Elle l’a raccompagné au cabanon, lui conseillant de ne pas bouger pour se ménager. Par acquis de conscience, elle est revenue la voir quelques minutes après et elle était sans vie. Notre retour de la plage n’a pas été le plus joyeux. Sa façon d’avoir senti la fin arriver et de trouver l’énergie pour un dernier tour de piste, un adieu, avant de s’effacer en toute discrétion, m’émeut encore et toujours.

La notion de temporalité restant floue, je ne sais à quelle échelle Frimousse et Câline ont intégré la famille. Si ce n’est que la première a été offerte par ma tata chérie d’amour, ces deux minuscules chiennes ne m’ont pas laissé de souvenirs impérissables. Leur seule particularité gravée dans ma mémoire est les hurlements qu’elles poussaient quotidiennement en accompagnement de la sirène du village indiquant midi.

Ces descendants directs du loup m’ont toujours accompagné. Rares ont été les périodes sans qu’ils fassent partie de ma vie. Pour des raisons de survie ou de changement, nombreuses ont été les situations où certains d’entre eux n’ont pas pu m’accompagner. Je conserve en moi cette culpabilité de ne pas avoir pu les garder auprès de moi. Il m’a fallu fuir des situations où mon animal de compagnie m’aurait mis dans une galère sans nom et il ou elle en aurait été terriblement malheureux.

Graffiti et sa délicate patience auprès des enfants. Lorsqu’elle se faisait chevaucher sans ménagement durant les jeunes années de notre première fille et qu’elle se soulevait tout en douceur. Une façon bien à elle de lui signifier que ça suffit. Lors d’un déménagement précipité nous avons dû la laisser sur place, plus à notre regret qu’au sien. Elle a continué à bénéficier des grands espaces et d’une nature foisonnante durant toute sa vie. 

La jeune Dalaï, s’est jetée, sans crier gare, sous les roues d’une moto. Pourtant elle avait tout d’une chienne prometteuse au caractère doux et paisible.

Michto, ou la morsure du doute

Dès qu’il nous a été possible financièrement et matériellement parlant d’adopter de nouveau un chien, nous l’avons fait. Michto était de la portée d’une chienne Border Collie d’ami·e·s. Nous aurions dû être plus méfiant sachant qu’elle-même était sur la défensive avec les enfants…

Il a mordu ma première fille au visage, lui valant au moins dix points de suture, alors qu’elle n’avait pas cinq ans. Nous avions décidé de faire fi du dicton « un chien qui a mordu, mordra », conscients de notre propre responsabilité. Un jeune chien, en proie à ses hormones, coincé sous une table avec une enfant qui lui tirait sur le collier en lui ordonnant de se coucher. Il a sûrement grogné, montré les crocs, mais à cet âge comment comprendre ces signaux d’alertes ? Nous avons tenté de le confier à des personnes attentionnées, disposant d’espace et surtout sans enfants car l’animal, loin d’être idiot, n’en était pas moins dangereux. En vain.

La confiance était rompue. Nous ne laissions plus nos enfants seul·e·s avec lui. L’idée de le confier à la SPA nous a effleurés, mais nous redoutions qu’il soit adopté par un couple qui pourrait avoir un jour ou l’autre une descendance. Finalement, ce qui devait arriver, arriva. Un matin, notre fils s’est approché pour le caresser, et il lui a grogné dessus. Je l’ai chassé de la maison. Pour l’éloigner de notre meute, j’agitais une longue tige de bambou, fouettais l’air au-dessus de sa tête et claquais le sol. Imperturbable, il rampait vers moi les crocs retroussés. Je nous ai barricadés à l’intérieur, lui faisant comprendre qu’il devait partir.

Une ou deux heures après, il est revenu comme si de rien n’était tout content de nous revoir. J’en avais la boule au ventre. Ma décision était prise. Nous ne pouvions plus le garder. Le canaliser devenait une illusion. Il représentait un danger trop important pour les enfants. La vigilance constante qu’il exigeait, n’était pas compatible avec une vie de famille.

J’ai appelé dans l’heure le vétérinaire pour demander l’euthanasie. Refus d’abord, puis acceptation, une fois les faits exposés. Il m’a proposé un rendez-vous dans la matinée. On raconte que les animaux sentent la mort venir. Michto n’a rien vu, rien anticipé. Il a été trahi par la confiance aveugle qu’il avait en moi. Pas l’ombre d’une hésitation lorsque je l’ai invité à sauter sur la table d’examen en inox glacial. Je l’ai maintenu contre mon torse pour la première injection sédative. Il s’est liquéfié en une fraction de seconde. Et la seconde piqûre fut létale.

Je me demande encore si ce vétérinaire était un pur sadique doublé d’un maudit connard ou une personne soucieuse de me faire prendre la mesure de ma décision, on ne peut plus définitive. Ou bien, tout simplement, face à la carrure de mon chien, avait-il besoin d’une aide physique. Le seul disponible, c’était moi, le couillon qui venait faire piquer son chien. Autant en profiter pour bien  m’imprimer l’acte dans le crâne. Je suis sorti de la clinique convaincu d’avoir fait le bon choix pour protéger mes enfants, mais K.-O. technique. J’en ai pleuré tout le long du trajet de retour. J’en ai encore les larmes aux yeux en rédigeant ces quelques lignes.

La vie avec un chien allongé au sol, regard fixe, entouré de morceaux de coussin déchiqueté dans une pièce intérieure — photo de Fabien Trarieux, novembre 2017.
Galo – Photo numérique – N.J-T – Avril 2014

Galo, Boum et la Crabière : chronique rurale

À Beauregard dans le Lot, nous avons eu le privilège d’avoir un chien de la chienne de Paulette. « La Crabière » comme certain·e·s l’appelaient dans le village. Surnom patois pour désigner une sorcière. Je vous laisse imaginer le niveau d’ouverture d’esprit. Petite célébrité locale la Paulette : elle avait été interviewée par l’équipe de Daniel Mermet sur France Inter à la douce époque de « là-bas si j’y suis » : https://beauregard-lot.fr/personnalites.html. Elle n’en était pas moins une femme libre, indépendante, à contrecourant de notre époque moderne. Son chez-elle était des plus rudimentaires et sur ses trottoirs couraient poules, canards, chats et chiens. Et tout ce petit monde s’accouplait à la saison venue. Une fois venus au monde, poussins, canetons, chevreaux, chatons et chiots se dispersaient au milieu des voitures et des piétons.

Elle sortait au petit matin son troupeau de chèvres et de boucs pour les faire paître aux abords des chemins et rentrait peu avant la tombée de la nuit. Elle passait toujours devant notre logement de l’époque dans la même rue. Les boucs les plus hardis fracassaient à l’aller ou au retour leurs cornes contre notre porte vitrée croyant y voir un ennemi alors qu’il ne s’agissait que de leur propre reflet. Parfois, les animaux rentraient seuls et je devais m’assurer que notre voisine ne s’était assoupie sur un muret en pierres sèches ou était incapable de se relever, les articulations endolories.

Sa fille était venue nous chercher avec les enfants un matin pour nous presser de choisir un chiot avant qu’elle n’envoie les autres se faire zigouiller chez le vétérinaire. Nous avions opté pour une jolie femelle… qui, alors qu’elle grandissait, s’est avérée être… un mâle ! Galo a intégré la famille aux alentours de 2005, moi et les dates… l’exactitude reste à confirmer. Comme tout chien dans les veines duquel coule du sang de Border Collie, il fut un brin toqué. Dès que de l’eau se trouve à proximité, il ne peut s’empêcher de la happer en claquant des dents à droite puis à gauche dans une cadence effrénée, jusqu’à épuisement.

Chien caché dans une botte de paille, ne laissant apparaître que sa tête, en plein air sous la lumière du soleil.
Boum – Photo numérique – N.J-T – Mai 2014

Boum, l’explosive l’a ensuite rejoint. Pourquoi avoir pris deux chiens ? Je n’en garde aucun souvenir. Sans doute ai-je une nette préférence pour les chiennes et ai-je insisté pour en avoir une ? Ce serait tout à fait mon style. Cette chienne tricolore, bâtarde de beauceron, labrador et autres chiens de punks à fleurs était hyper protectrice avec les enfants. Dès que Galo esquissait le moindre faux mouvement envers un de nos enfants, elle lui infligeait une tannée claire, nette et précise. Protectrice au point d’être consciente de la dangerosité des pétards explosifs : elle allait jusqu’à les attraper dans sa gueule pour limiter le danger auprès des moutes. Véridique.

Redoutable chasseuse, elle n’hésitait pas, pour nourrir ses chiots à revenir avec des ragondins ou des chevreuils qu’elle dépeçait consciencieusement… Tout en gardant la plus grosse part pour elle, afin d’être sûre de pouvoir allaiter toutes ses portées.

Séparations, errances et autres galères

Suite à notre séparation, les chiens et les enfants sont restés dans la maison que nous occupions ensemble. J’ai cette fâcheuse tendance à ne pouvoir rester, ni revenir, dans des lieux où les souvenirs sont trop chargés de mauvais souvenirs relationnels. Et je n’avais ni les finances, ni l’espace et encore moins l’équilibre psychologique pour gérer ce désastre relationnel et personnel. Fort heureusement, ma situation financière et psychologique s’est progressivement rétablie, et j’ai pu accueillir mes enfants dans des environnements bien plus sains que des taudis, des squats ou des caravanes sur des terrains sans eau courante ni électricité. Mes chiens, je ne les ai jamais revus. J’y ai mis une telle dissonance cognitive que lorsque la mère de mes enfants m’a appris leur décès successif, je n’ai rien ressenti. Ce qui ne m’empêche pas de repenser à eux très régulièrement.

Chien allongé au sol, regard fixe, entouré de morceaux de coussin déchiqueté dans une pièce intérieure — photo de Fabien Trarieux, novembre 2017.
Bowie – Fabien Trarieux – Photo numérique – Novembre 2017

De la distance nécessaire qu’il me fallait imposer entre moi et la mère de mes enfants pour mon bien-être mental, j’ai fait l’erreur (et j’en ai fait un paquet dans ma vie) d’embarquer avec moi un chiot de Boum. Bowie, un beau mâle tâcheté, avec des yeux vairons, mais qui m’a fait un nombre incalculable de conneries : six livres d’une médiathèque déchiquetés, des oreillers explosés en peluches synthétiques éparpillées dans tout l’appartement et une table basse dont les pieds ont été rognés par de belles traces de dents pointues. Une façon bien à lui de me faire comprendre que je ne lui accordais pas suffisamment d’attention et qu’il s’ennuyait profondément.

De retour chez mes parents à quarante ans, il m’y a accompagné. Toujours avec un égoïsme certain de ne pouvoir passer une vie avec un chien. Un début de formation en crêperie, ultra chronophage, m’a vite fait comprendre que je ne pouvais pas leur laisser le soin de s’en occuper à ma place. Il se retrouvait enfermé dans un garage où il avait pris la fâcheuse habitude mais non moins confortable de s’installer sur le siège de la moto paternelle… Au point d’en rayer la carrosserie avec ces pattes aux griffes bien aiguisées. Une nouvelle décision devait être prise. Elle ne me plaisait pas, mais je me suis rendu à l’évidence que je ne pouvais définitivement pas le garder. Contre une petite somme pour la prise en charge de son hébergement, de sa nourriture et d’un complément d’éducation pour qu’il intègre le « reviens », le temps qu’il trouve une famille pour l’adopter, je l’ai confié à la SPA. De nouveau une petite larme m’est montée, une fois le chien laissé entre de bonnes mains, seul, le front rabaissé sur le volant, avec ce sentiment de lose qui me colle à la peau.

Jeune chienne noire au regard expressif, assis sur un sol clair, avec une tache blanche sur le poitrail et les pattes — photo de Fabien Trarieux, juillet 2022.
Tikka bébé – Photo numérique – Fabien Trarieux – Juillet 2022

Tikka, la revanche du Border Collie

Mon Amoureuse ne voulait pas de chien. Elle a toujours été une femme à chats, avec une relation exceptionnelle avec ses animaux. Avec tous les animaux, d’ailleurs. Moi y compris, forcément. Mais les chiens, c’était un « niet » catégorique. Il faut dire que nous avons traversé tant de galères qu’ajouter un chien et donc une bouche à nourrir, des frais supplémentaires, étaient loin d’être judicieux. Son refus était devenu un running gag entre nous. Dès que nous croisions un chien un tant soi peu attendrissant, je minaudais : « Allez, on adopte un petit chien ? ». Et toujours cette réponse négative qui me revenait comme un boomerang. Dans le genre têtu, je me pose là. Il m’aurait fallu trois ans d’entêtement et de blagues lourdes et insistantes pour, enfin, obtenir gain de cause.

Éternelle reconnaissance pour elle, qui a fini par céder à mon caprice d’adulte en manque de tendresse et de relationnel avec un chien. En juin 2022, nous sommes allés rendre visite à un agriculteur dont la chienne avait mis bas treize chiots. Sans l’ombre d’une hésitation, notre cœur a fondu pour la plus frêle d’entre eux, mise à l’écart de la meute, presque coincée par la niche, où tous les autres s’agglutinaient pour téter leur mère. Presque entièrement noire, avec une partie du museau, l’extrémité de toutes ses pattes et de sa queue blanches, les yeux vairons comme seulement deux autres de sa portée, j’ai su immédiatement que sa compagnie serait un bonheur.

Câlins, fermeté et autres tentatives d’éducation

 J’avais appris de mes erreurs et ne voulais plus prendre le risque d’un chien qui vrille avec un enfant, de manquer de temps et de devoir m’en séparer. Encore pire : revivre ce cauchemar de le faire piquer. Bon point pour elle : même si son père avait du Border, sa mère, bâtarde de chez bâtarde, dégageait une douceur toute en confiance. Un ami m’avait toujours bluffé : il susurrait à l’oreille de son chien, qui obéissait au doigt et à l’œil, tout en bienveillance. C’est cette relation que je souhaitais. Pas de domination à outrance, pas de dressage brutal. Notre souhait était de l’éduquer pour qu’elle comprenne le minimum syndical sans en faire un chien de cirque.

« Assis », « viens », « au pied », « couchée », « reviens », « ramènes », « pas bouger », « paillasson », « non » et c’est tout. Des jeux avec une balle de tennis pour son côté toqué de bâtarde de Border Collie, quelques gamelles de croquettes remplies par les enfants pour éviter qu’elle ne se positionne en dominante, des croquettes attrapées à pleine main lorsqu’elle mange pour prévenir les morsures indésirables, et surtout de gros câlins. Mis à part quelques avertissements pour lui faire comprendre certaines de ses erreurs, toute notre communication se fait dans la douceur. Malheureusement, parfois, comme avec les moutes, il faut hausser le ton pour se faire entendre. Et pour les vrais faux pas, l’ultime punition était de se faire chasser de la meute et de devoir rester à la niche, dehors, dans notre jardin de poche. À la position de ses oreilles et à son air de penaud, elle comprend immédiatement son erreur.

Il nous a fallu apprendre le temps de son éducation que les canidés ne comprennent que l’instant présent. Inutile de dire « assis » alors qu’elle est couchée. Mieux vaut la féliciter quand elle l’est vraiment. Et nous avons opté pour les câlins en guise de récompense plutôt que les friandises.

Tikka reste parfois peureuse, comme elle l’était petite. Il est dit « tel chien, tel maître ». Qui a déteint sur qui ? Je ne saurais répondre. Mais je me sais tout aussi méfiant et craintif qu’elle, envers certains de mes congénères. J’aime son asocialité, ses poils dressés le long de son échine quant elle croise un autre chien. Sans être agressive, elle reste sur la défensive. Et elle m’épate lorsque je l’observe se laisser caresser par un·e humain·e alors que le ou la précédent·e n’a pu l’approcher malgré toute la bienveillance qu’iel a essayé de mettre dans sa main tendue. 

Vous l’aurez compris, je kiffe cet animal… et je ne peux me passer d’une vie avec un chien.

Réapparition du carnet à dessin

Tous les matins, elle reste patiemment sur son paillasson, dans l’attente de sa gamelle. Ce lundi 5 juin, il m’a pris comme une envie soudaine de la dessiner dans son sommeil. J’ai sorti un vieux carnet. Ceux que je commence sans jamais les finir. Emprunté discrètement quelques crayons de couleur à ma fille. Je voulais tester, voir si je savais encore dessiner autre chose que les motifs obsessionnels des mandalalas.

Dessin au crayon et crayon de couleur d’un chien allongé sur un coussin rose, les yeux fermés, signé Fabien Trarieux et daté du 03 mai 2025.
Tikka – Esquisse crayon de couleur – Fabien Trarieux – Mai 2025

A cette date, je travaillais sur mon tableau « Kamouraska » (https://fabientrarieux.art/blog/kamouraska/). Ainsi focalisé, il m’est impossible de m’éparpiller sur différents projets. Monomaniaque un jour, monomaniaque toujours. 

Une fois cette peinture achevée, un besoin de m’octroyer une pause s’est fait ressentir. Juste le plaisir de dessiner. Sans pression. Juste le plaisir de dessiner. J’ai scanné ce premier jet, retouché succinctement sur Procreate, corrigé les pattes, puis imprimé le résultat en l’agrandissant au format A4.

Esquisse numérique en gris et blanc représentant un chien allongé, vu du dessus. L’animal est dessiné avec des lignes simples et fluides, accentuées par un contour évoquant un pelage touffu. Illustration signée Fabien Trarieux, datée du 2 juin 2025.
Tikka – Esquisse numérique – Fabien Trarieux – Juin 2025

A partir de cet impression, j’ai de nouveau emprunté d’autres crayons de couleurs de ma fille. A l’aide d’une tablette lumineuse, j’ai décalqué l’esquisse pour l’adapter à différentes techniques.

Dessin aux crayons de couleur représentant un chien noir et blanc couché en boule sur un coussin duveteux dans les tons roses orangés. Vue du dessus. L’animal est endormi, une patte vers l’avant. Illustration signée Fabien Trarieux, datée du 3 juin 2025.
Tikka – Crayons de couleurs – Fabien Trarieux – Juin 2025

Un autre essai avec une palette de crayons gris.

Dessin aux crayons gris représentant un chien noir et blanc couché en boule sur un coussin duveteux. Vue du dessus. L’animal est endormi, une patte tendue vers l’avant. Illustration signée Fabien Trarieux, datée du 3 juin 2025.
Tikka – Crayons gris – Fabien Trarieux – Juin 2025

Un troisième avec seulement de l’aquarelle.

Dessin à l’aquarelle représentant un chien noir et blanc couché en boule sur un coussin duveteux dans les tons roses. Vue du dessus. L’animal est endormi, une patte tendue vers l’avant. Illustration signée Fabien Trarieux, datée du 3 juin 2025.
Tikka – Aquarelle – Fabien Trarieux – Juin 2025

Et le dernier, plus dans un style BD, avec aquarelle et stylo plume à encre noire. Chaud, l’aquarelle : des doigts trop gras et les empreintes digitales ruinent le dessin. En observant celui-ci, vous pourrez repérer trois pâtés de gras sur le haut de la cuisse, l’encolure et la patte arrière qui pendouille. Honnêtement, flemme de tout recommencer.

Illustration à l’aquarelle et au stylo plume noir pour les contours représentant un chien noir et blanc couché en boule sur un coussin duveteux dans les tons roses. Vue du dessus. L’animal est endormi, une patte tendue vers l’avant. Illustration signée Fabien Trarieux, datée du 3 juin 2025.
Tikka – Aquarelle et stylo plume noir – Fabien Trarieux – Juin 2025

Autre raison pour laquelle je me suis autorisé cette récréation est que les vis sous la planche de ma table à dessin se sont désolidarisées. C’est fâcheux et ça rend tout façonnage de cadre pour un nouveau projet impossible jusqu’à récupération de ma perceuse. 

En ce jour du mercredi 11 juin, elle m’est revenue, quelques bricoles d’un tout autre ordre et je vais pouvoir m’y remettre, je le jure « pas sur la tête de mon chien, lui c’est mon copain » : https://www.youtube.com/watch?v=7Mo4fg0ctyY

Caresses et bécots à l’œil