Il y eut un premier tableau sur un isorel plus fin. Affiché dans nos toilettes, inachevé, il a fini, il y a peu, explosé en miettes, direction la déchèterie. Je ne supportais plus de voir sa face. Impossible de vous le montrer, aucune photo n’en a été prise, tant il était plus que médiocre à mes yeux. Mais je n’avais pas dit mon dernier mot. Hors de question de le laisser inachevé et de n’en rien faire.
Le premier jet est aussi né comme pour « Chouette Post Covid » lors des confinements pendant la pandémie. J’en ai repris l’idée principale pour en modifier les couleurs et les formes. Sauf erreur de ma part, il s’agit de mon tout premier essai pour intégrer mes techniques utilisées pour les mandalalas à un tableau plus figuratif. J’y perçois désormais des erreurs crasses qui me font saigner les yeux.
En voici le descriptif de base :
« Chat mouillé » – Septembre 2022 – Acrylique sur isorel de 5mm d’épaisseur avec châssis bois – 98 x 58 cm aux bords arrondis
Mon intention était de représenter un chat où le public se demanderait s’il se noie ou s’il tente de sortir de l’eau. Et nous savons à quel point cet animal ne supporte pas cet élément. Tout comme je ne supporte pas l’incertitude. Source d’angoisse, elle me fait anticiper toujours les pires scénarios et fait grimper à son paroxysme mon anxiété latente. Et au final, rien ne se passe jamais comme je le craignais. L’objectif était donc de mettre en lumière la période dans laquelle l’humanité toute entière se trouvait lors de l’apparition de la Covid-19. Rien ni personne ne pouvait nous indiquer si nous allions nous en sortir ou pas. Si nous allions disparaître ou si nous allions réussir à nous en sortir. À l’image de ce chat.
Mouillé, il l’est de partout. De l’eau jusqu’au ventre, avec les cercles concentriques où les motifs représentent à leur tour cet élément. L’eau est symbolisée aussi au-dessus de sa tête par les nuages beiges lisérés de noir et des bandes obliques dans les teintes marrons, grises et bleues striées de lignes blanches ou noires qui évoquent la pluie lui mouillant entièrement le pelage rose.
Le choix de peindre ce chat en rose sert à créer un contraste entre la perception habituelle qui nous avons de cette couleur (douce et apaisante) et la situation critique et périlleuse dans laquelle il se trouve. J’ai renforcé ici par ce choix chromatique l’étrangeté du chat, presqu’irréel, et souligné le décalage entre la réalité perçue et la réalité vécue. Tout comme la pandémie et sa situation qui pouvait sembler gérable en surface, mais qui en réalité cachait des tourments intérieurs bien plus profonds.
Pour le processus créatif, j’ai procédé comme suit : l’isorel a été peint de deux couches de blanc pour faire disparaître sa teinte naturelle. Puis j’ai tracé à main levée les traits principaux au crayon : ceux du chat, des nuages, des obliques du ciel et des cercles autour de la taille de l’animal. Les couleurs, mélangées par mes soins, ont été appliquées au pinceau et les détails ajoutés sans esquisse, en direct à l’aide de feutres acryliques.
Au final, malgré ses défauts, j’ai appris à tolérer ce tableau. Tous les dégoûts sont dans la nature après tout et j’ai compris que ce qui me déplaît, peut plaire à d’autres.
Caresses et bécots à l’œil.