Chouette stylisée avec des motifs géométriques et des couleurs pastel, œuvre acrylique sur isorel par Fabien Trarieux, 2023.

Je travaille tranquillement, mais sûrement sur une version V2 de mon site internet. Raison pour laquelle je poste ici un article explicatif d’un tableau datant d’octobre 2023. Je compte en faire de même pour tous ceux que je souhaite exposer et vendre dans un futur plus ou moins proche. D’ici peu, des démarches administratives seront faites pour me déclarer professionnellement. Il va juste falloir que j’arrête de procrastiner sur le sujet et que je me lance dans la spirale infernale des nombreuses tâches à faire en parallèle : créer un portfolio, démarcher galeries et médiathèques pour exposer, modifier mon site internet, continuer à peindre, préparer ma première exposition en septembre 2024 (j’en dirai plus lors d’un article à venir), sans oublier ma vie amoureuse, mes enfants, l’entretien de la maison, les courses, la préparation des repas, bref la vie, quoi !

Trêve de bafouillage, place à la présentation de ce tableau.

Indications

Chouette Post-Covid – Fabien Trarieux – Octobre 2023 – Acrylique sur isorel de 5mm d’épaisseur, renforcé par le dessous avec un châssis en bois de pin – 98 x 58 cm

Mise en situation

Mars 2020, la nouvelle était tombée telle un couperet : confinement général. Je venais d’ouvrir mon salon de tatouage en janvier de la même année. Une désagréable sensation de me faire couper l’herbe sous le pied avait surgi brutalement. Ma compagne m’avait pourtant encouragé à le voir comme des vacances forcées après le tumulte et le stress de l’ouverture. La frustration n’en était pas moins grande.

Depuis un peu moins de 3 mois, je dessinais des motifs rarement plus important qu’un format A4 pour encrer la peau de mes clients. J’avais accumulé quelques isorels en me disant « au cas où »…. Pour canaliser mon anxiété face à cette période, funeste, mais non moins historique, je me suis mis à peindre sur de plus grands formats. Je ne me souviens de mes rêves que rarement. Un matin, pourtant, sortant des méandres du sommeil, j’ai gardé en mémoire de manière extrêmement détaillée l’image hybride d’une chouette et d’un hibou. J’en ai fait un premier tableau. Que j’ai mis un certain temps à terminer entre les réouvertures et les deux autres confinements suivants.

Le voici.

Peinture acrylique d’une chouette stylisée avec des motifs géométriques et des couleurs orange, noir et gris, réalisée par Fabien Trarieux en 2021

Il n’est pas exposable, car le support est beaucoup trop fin. En plus, je l’ai percé comme un bourrin à ses quatre angles pour l’accrocher à un des murs de notre maison. Désolé, oui, je le confesse, je trouve extrêmement prétentieux d’afficher ses propres œuvres chez soi, mais il fallait bien un peu de décoration pour meubler tous ces murs blancs. Seconde excuse, nous manquons cruellement de place pour stocker tous mes autres tableaux qui s’accumulent.

Cependant, je n’en étais pas encore entièrement satisfait comparé à ce que j’avais aperçu dans mon rêve. J’ai donc tenté une nouvelle approche en lui déployant ses ailes pour symboliser ainsi la fin (provisoire ?) des enfermements successifs, une liberté arrachée toutes griffes dehors. Comme un piaf, j’y ai laissé des plumes durant cette période funeste et historique. Mon cerveau tanguait dangereusement entre théories complotistes, colères envers nos gouvernants et sérieux doutes sur ma capacité à prendre du recul. La surcharge de motifs à l’intérieur des formes de la chouette ou des contours répétitifs sont une façon de conserver le côté anxiogène de cette période et les pensées en boucle, un loop(é) infini qui n’aurait de cesse que la fuite. Même si cette triste aventure collective est derrière nous, elle nous a rappelé la fragilité de notre système mondialisé, de nos infrastructures voire même tout simplement de nos vies. Leur donner la forme de cœurs vise à rendre hommage aux actes de solidarité dont de nombreux professionnels de santé, d’emplois liés au soin, à l’alimentaire, les livraisons, et de nombreux autres métiers sous-payés, ont su faire preuve. Pas moi, autant être honnête. Je ne parle pas non plus de ceux qui tapaient quotidiennement dans leurs foutues de casseroles et à heures fixes.

La fin de l’histoire est que j’ai fini par fermer mon salon de tatouage. Il avait été ouvert dans l’empressement et la nonchalance d’une période euphorique non maitrisée qui est retombée comme un soufflet, écrasée par un syndrome de l’imposteur à la puissance mille. Je me sens dix mille fois plus à ma place à créer mes tableaux, sans qu’une énième personne me demande de lui tatouer un nouveau symbole de l’infini.

Processus créatif 

Après quelques esquisses sur papier de la chouette et une fois la plaque d’isorel suffisamment couverte de blanc pour en masquer sa teinte boisée, je trace au crayon gris les traits de l’animal. Ensuite, je superpose des cœurs les uns sur les autres, hors du cadre. J’applique directement les couleurs que je façonne dans les tons gris pour la chouette, avec un dégradé de l’extérieur vers l’intérieur de ses ailes. Pour les cernes, j’ai opté pour des teintes mauves, bleues et marrons. Cette partie est réalisée avec de la peinture acrylique appliquée au pinceau que je mélange spécialement pour chaque teinte dans des pots hermétiques. Je peux les conserver jusqu’à la fin du tableau pour corriger d’éventuelles bavures.

Vient ensuite l’intégration des motifs avec des feutres acryliques, toujours en lien avec le thème. Je n’en détaillerai pas ici leur signification. D’ailleurs certaines en ont, d’autres ont une fonction purement et simplement esthétique. Je tiens, par ailleurs, à laisser la liberté à chacun de les interpréter à sa guise.

Pour éviter qu’une exposition murale courbe le tableau (l’épaisseur de 5mm de l’isorel en augmente le risque), une armature en bois de pin, plus petite que les dimensions de l’œuvre, a été façonnée puis collée. Une attache métallique intégrée au verso en facilite l’exposition.

Voila, vous savez tout.

Caresses et bécots à l’œil.