Quand la rouille parle
Depuis plusieurs années, ma pratique des photographies de textures naturelles se focalise sur la rouille, seule ou celle qui se lie à la roche, naturelle ou artificielle comme le ciment.
J’aime cet indicateur du temps qui passe. Il en émerge des formes et des couleurs abstraites. Elles attirent mon regard. Dès que les conditions idéales se présentent – luminosité adéquate, lieu accessible, sujet intéressant – l’objectif de mon téléphone portable s’enclenche. Je laisse mariner les photos le temps de mes divagations pédestres. De retour à la maison ou après plusieurs jours de macération, je sépare le grain de l’ivraie. Nombre d’entre elles atterrissent dans la poubelle. Certaines restent dans leur jus quand d’autres subissent de légères retouches via l’application native de mon appareil numérique.
Du simple recadrage à l’ajout d’un filtre au rendu plus chaud, voire, dans certains cas extrêmes, le retrait d’une lumière parasite, les modifications de l’image originelle vont rarement au-delà. Ma plus grande « tricherie » est d’utiliser très occasionnellement la gomme magique pour retirer un détail à condition de sublimer la photo. Certain·e·s crieront au scandale, pour ma pomme, je pars du principe que si l’outil est là, j’en fais usage quand le résultat le justifie. Je n’ai ni les connaissances pour me la jouer argentique et ni les finances. Et comme pour tout, je conchie les puristes. C’est dit.
Les photographies de textures naturelles, sans explication
Honnêtement, je n’ai aucune inspiration pour rédiger un texte sur mon obsession pour ces matières. Chacun·e verra ce qu’iel souhaite y voir et appréciera, ou pas, le résultat. Les photographies de textures naturelles me dépassent autant qu’elles m’obsèdent. Je m’y plonge, sans toujours en comprendre le sens.

Rouille sur argile et gravier – Photo numérique – Fabien Trarieux – Janvier 2024
Le cerveau disponible à l’algorithme
Une autre matière, plus impalpable, mais néanmoins importante, occupe actuellement mon temps de cerveau disponible.
Attention, jargon informatique en vue. Âmes sensibles s’abstenir.
Volontairement et parce que je m’en contrecarrais, mon site n’était pas doté, ou si peu, d’un système de référencement, autrement appelé le SEO (Search Engine Optimization). Terme utilisé, comme son anglicisme l’indique, pour désigner l’art de développer sa présence sur le web via les moteurs de recherche. Même s’il y a fort à parier que les IA viennent rapidement mettre un sacré coup de pied dans cette fourmilière.
Contexte économique et abandon salvateurs des réseaux
Une simple analyse de la situation économique actuelle conclut à une difficulté financière générale et un ras-le-bol social sous cocotte minute. Je comprends. Les temps sont durs, mes œuvres dépassent de loin le budget de mon milieu social.
Celles et ceux qui en auraient les moyens investissent dans de l’artistes « côtés », des valeurs sûres. Je n’en veux à personne, si ce n’est à moi de ne pas avoir toutes les facultés psychiques pour atteindre l’objectif, sans doute prétentieux, de vivre de mon art.
Courir après les galeries et autres lieux d’exposition, développer une présence acharnée sur les réseaux sociaux (‘peux pas), répondre à des appels à projets (pas envie de faire autre chose que ce qui me plaît), c’est épuisant.
Surtout quand il faut à côté continuer de produire de la matière à exposer ou vendre, s’occuper de sa santé mentale pour éviter tout dérapage incontrôlé et gérer au mieux le quotidien d’une famille de quatre personnes. J’y parviens. Mais pas partout à la fois. Il me faut faire des choix.
Transformer son site sans trahir son style
L’espoir fait vivre comme ils disent, j’y crois encore, malgré un doute récurrent. Du genre têtu, je ne lâche pas le morceau. À mon rythme, ce site deviendra une boutique en ligne, pour vendre mes originaux et quelques reproductions.
Pas de date. Encore moins de pression. Chaque chose en son temps.
Le SEO en pratique : entre absurdité et stratégie
En attendant, pour augmenter ma visibilité, il y a des réglages que je peux apporter. Malheureusement, la poudre de perlimpinpin ne suffit pas. D’autres ingrédients sont indispensables. J’ai déjà longuement expliqué pourquoi je ne pouvais me permettre de traîner mes guêtres sur les réseaux sociaux (https://fabientrarieux.art/blog/instagram-a-de-nouveau-eu-ma-peau/), je dois trouver d’autres solutions.
D’abord ajouter Yoast SEO (https://yoast.com). Un plugin, une sorte de programme additionnel à l’application WordPress (https://fr.wordpress.org), celle qui permet la mise en page de ce site que vous voyez derrière votre écran, le tout sans aucune ligne de code. Seulement pour paramétrer correctement ce programme en question, il faut reprendre un à un tous les articles du blog, toutes les pages, remplir des tas de cases à s’en arracher les cheveux. Les intitulés sont aux doux noms poétiques de « méta-description », « slug », « expression clé principale »…
Yoast SEO pousse à découper à la hache les textes en paragraphes avec des titres (H2) et sous-titres (H3), à répéter jusqu’à la nausée ladite expression clé et la mentionner dans le « texte alternatif » d’une photo. Le tout à remplir méticuleusement dans l’espoir de voir apparaître une petite pastille verte, signe que notre travail a été correctement mené.
Gage incertain, au final, pour espérer attirer un nombre plus élevé de visiteurs dans cette jungle du Wild Wild Web.
Faire des concessions pour ne pas capituler
Voilà pourquoi, les textes que je publiais à l’état brut dans cette section blog se verront progressivement affublés de titres à l’apparence journalistique.
J’aurais préféré conserver leur aspect littéraire, proches des nouvelles, mais il me faut faire quelques concessions. Nette préférence pour cette option rébarbative que de devoir m’infliger X, TikTok ou Instagram.
Sauf si quelqu’un se dévoue pour le faire à ma place. Non ? Personne ? Même avec un pourcentage sur les ventes ?
Synthèse impossible, IA salvatrice
Le seul hic : mon cerveau est handicapé de la synthèse.
Celleux qui me connaissent savent que dès que je commence à vouloir raconter un film, un roman, un podcast ou une série, iels ne vont rien entraver. Résumer m’est impossible. Je digresse, le regard de mes interlocutrices·eurs m’embrouillent et je bafouille.
L’astuce est honteuse, mais je n’ai pas trouvé mieux pour me soulager de cette charge mentale : un combo gagnant ChatGPT et Perplexity.
Je leur balance un prompt avec mes exigences que voici :
« Peux-tu me rédiger un extrait du texte qui va suivre pour la section blog de 160 caractères incluant “…Lire la suite”, et une liste de mots-clés pertinents pour optimiser le référencement et l’indexation de mon site créé avec WordPress, Divi et Yoast SEO, séparés par des virgules ? Il me faudra une “expression clé principale”, à intégrer dans l’introduction du texte que tu modifieras très légèrement, et la répéter plusieurs fois selon les lois du référencement. J’aurais besoin d’une méta-description de 140 caractères max. J’aimerais aussi que tu ajoutes au texte quelques titres H2 et H3 (indiqués), sans en altérer le style littéraire. »
Franchement ? Je les remercie. Ces IA m’aident à réaliser des tâches que je n’aurais pas osé pousser jusqu’au bout. Et pourtant, elles sont indispensables pour faire exister mon site.
Corriger sans trahir.
Confidences pour confidences, j’utilise aussi les IA LLM pour la correction de mes textes.
Conscient, et peu fier, de la pollution que je génère, j’insiste sur un point : j’écris VRAIMENT tout moi-même. Avec mon expérience, je sais que j’aurais beau me relire mille et une fois, il restera toujours un verbe bien planqué à l’infinitif alors qu’il devait être au participe passé. Le p’tit salaud. Une lettre ou carrément un mot passé aux oubliettes, une virgule égarée ou des fautes encore pires, au point qu’elles se rendent invisibles tellement mon œil s’y habitue. Le diktat de l’orthographe scolaire a eu raison de moi et je ne supporte pas de commettre des fautes. Même à la rédaction de SMS.
Les logiciels de correction en français coûtent un bras si ce n’est pas tout le corps. Les sites en ligne bloquent les corrections poussées à des formules payantes toutes aussi chères et pour des résultats souvent décevants. Je me voyais mal exploiter un·e proche, que je ne connais pas d’ailleurs, pour qu’iel corrige mon pinaillage. Les IA ne sont pas parfaites pour autant. J’utilise à peu près ce genre de prompt pour la correction :
« Peux-tu corriger en caractère gras les fautes d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, de syntaxe, de ponctuation et les éventuelles lourdeurs du texte qui suit ? ».
J’ai été témoin d’envolée lyrique en prose de leur part sans rapport aucun avec le texte originel. Les caractères gras ne sont pas sur toutes les fautes corrigées, il me faut être vigilant et tout relire en ayant les deux parties côte à côte. Et surtout, il est des tournures de phrases que je tiens absolument à conserver malgré leur lourdeur. Je pioche dans ces propositions en fonction de leur pertinence. Si elles me proposent une alternative à laquelle je n’avais pas pensé pour court-circuiter les « je » ou les « que », « donc » et autres mots outils parfois insupportables quand ils sont utilisés jusqu’à la nausée.
Je leur dois une fière chandelle. Sans elles, de nombreuses fautes, parfois honteuses, vous agresseraient la rétine. Une nouvelle concession qui illustre parfaitement la dissonance cognitive dans laquelle je me trouve. Sacrifice qui me vaut l’honneur de me griller le cerveau à petit feu : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/06/19/chatgpt-cerveau-etude-mit/
Le secret mal gardé du référencement
Et le tout en continuant à prendre quelques photographies de textures naturelles dès que mon chien me promène.
Je vous laisse deviner l’expression clé principale, indispensable apparemment pour un bon référencement, mais d’une laideur crasse dans sa répétition souvent douteuse.
Désolé.
Un petit dernier pour la route : Photographies de textures naturelles.
Vous l’avez ?
Caresses et bécots à l’œil.